
VUE SATELLITE
rencontre avec benjamin grange, ceo de mascaret
“L’intelligence économique est un levier stratégique de la communication d’affaires”
À la croisée du conseil en stratégie et en communication, le cabinet Mascaret accompagne entreprises et organisations dans des moments charnières : levée de fonds, fusion, plan de transformation, échéance électorale…
Il travaille à la fois sur la valeur économique, la communication, l’influence et l’image. Très actif dans les secteurs de l’investissement, du spatial et de la cyberdéfense, ainsi que de la santé, le cabinet intervient aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient.
M.L.C.- Quelle place occupe l’intelligence économique dans ton activité de conseil aux entreprises et aux organisations ?
Benjamin Grange – « Nous l’utilisons dans presque chacune de nos missions. Nos interventions reposent en effet systématiquement sur un travail de recueil d’information. Ce qui varie, ce sont les types de données et les méthodes de collecte : OSINT, sondages, entretiens, analyse des réseaux sociaux… Et, parfois, comme ce fut le cas dans notre collaboration, ces approches ne suffisent pas : nous faisons alors appel à des experts. Toutefois, quelle que soit la méthode utilisée, le travail d’intelligence économique est incontournable si nous voulons disposer d’un coup d’avance. »
M.L.C- Chez Mascaret, vous êtes donc capable de collecter vous-mêmes du renseignement ?
B.G. – « Tout à fait. Par exemple, dans le cadre d’un appel d’offres sensible, nous cherchons à comprendre les circuits décisionnels, afin d’aider le candidat à mieux construire son offre et à lui donner ainsi un avantage essentiel. Dans le cas d’évolutions réglementaires, nous identifions les élus réceptifs aux intérêts communs de ceux de nos clients, afin de développer un travail d’argumentation. Enfin, sur un sujet d’actualité, disposer d’informations pivots permet de se positionner de manière pertinente.
Pour toutes ces situations, nous sommes autonomes dans la recherche d’informations. Dans d’autres cas plus complexes, telles que des négociations financières complexes ou des opérations qui nécessitent des investigations à l'international, nous faisons appel à des partenaires spécialisés comme Prisme Intelligence. »
M.L.C. - En quoi l’intelligence socio-économique est-elle plus efficace qu’un simple tableau de bord à signaux faibles ?
B.G. – « L’information brute ne suffit pas. L’enjeu est de l’analyser pour pouvoir ensuite construire une décision ou une action cohérente. Et, pour cela, il faut avoir défini au préalable des objectifs clairs. Comprendre un mouvement d’opinion, segmenter une population, tout en reliant le contexte aux objectifs qui ont été prédéfinis : voilà ce que nous faisons chez Mascaret. Comme le disait le philosophe anglais Hume, il ne suffit pas de décrire un contexte, encore faut-il en tirer une ligne de conduite. Nous aidons ainsi nos clients à clarifier leurs objectifs pour donner du sens à l’information collectée. »
M.L. C – Dans les moments charnière comme une levée de fonds ou une fusion, quel rôle jouent les démarches d’intelligence économique ?
B.G – « Par définition, les moments charnière redessinent la trajectoire d’une entreprise. Les démarchent d’intelligence économique jouent un rôle crucial dans ces phases clés, en fiabilisant les décisions et les projections de l’organisation vis-à-vis de ses parties prenantes. Ce rôle est d’autant plus important que la vie des entreprises est aujourd’hui jalonnée de transformations : crise, cybersécurité, environnement, etc. Identifier les bonnes informations et structurer leur perception permet de franchir ces étapes avec sérénité. »
M.L.C. – Au-delà de l’information factuelle, comment réussir à capter ce que ressentent les publics, notamment sur les réseaux sociaux ?
B.G. – « L’enjeu est de décrypter le non-dit, en allant au-delà des mots et en analysant le contexte. Il faut surtout être attentif à ne pas se laisser berner par des discours formatés ou une vitrine trop agencée. »
M.L.C. – Analyser la perception des publics aide-t-elle à construire un narratif crédible ?
B.G. – « Bien sûr. Trop souvent en communication, on a tendance à oublier le récepteur du message. Nous prenons le parti-pris inverse : nous travaillons d’abord la cible, en cherchant à comprendre comment elle perçoit les choses, avant de travailler le message. Cela permet de créer une communication plus percutante, alignée avec la réalité du terrain. »
M.L.C. – Le renseignement joue aussi un rôle décisif dans la valorisation des entreprises. Comment constitue-t-il un levier stratégique dans ce domaine ?
B.G. – « Aujourd’hui, les actifs intangibles pèsent de plus en plus lourds : de 20 à 30 % dans les entreprises du CAC40 et jusqu’à 90 % dans les start-up. Or, ils peuvent être pillés, dérobés, perdre de la valeur. Cette dernière est en partie subjective, car liée à une perception à un instant donné.
Les démarches d’intelligence économique permettent d’objectiver cette valeur, tout en protégeant les actifs immatériels face aux risques de perte ou de dévalorisation. Trop d’entreprises ne prennent pas les mesures de sécurité les plus élémentaires comme protéger leur ordinateur ou la confidentialité de leur messagerie, notamment lors de leurs voyages à l’étranger. Ainsi, elles s’exposent à voir leurs actifs immatériels s’éroder, surtout dans le contexte géopolitique actuel. »
M.L.C – Quelles sont les évolutions récentes autour de ton métier ?
B.G – « Aujourd’hui, le nombre de parties prenantes a explosé : ONG, médias, élus, société civile, actionnaires… À chaque moment clé de la vie des organisations, s’activent de nouvelles relations, bien au-delà des clients, des collaborateurs et des fournisseurs. De plus en plus, nous sommes amenés à les comprendre et à échanger avec elles pour éviter les blocages et permettre à l’entreprise de continuer à dérouler sa proposition de valeur. »
M.L.C. -Quel message souhaites-tu partager avec nos lecteurs ?
B.G - « Utilisez, sans réserve, l’intelligence économique. Sinon, vos concurrents le feront. S’appuyer sur la bonne information pivot, au bon moment, c’est tout simplement revenir dans le jeu concurrentiel, tel qu’il existe aujourd’hui. »
Pour en savoir plus, sur Mascaret : ici