
L’ANGLE D’ATTAQUE
Une nouvelle approche s’impose dans un contexte international aride
Tous les États n’ont pas le même rapport au renseignement économique. Là où certains ont bâti de véritables forteresses informationnelles - à coups de lois extraterritoriales, de contrôles à l’export, et de pratiques systématisées d’intelligence -, d’autres, comme la France, continuent à jouer une partition plus naïve. Historiquement, Paris est connu pour être un véritable nid d’espions. Une tendance au laxisme qui place les entreprises françaises en situation de vulnérabilité.
Un manque de vigilance… Parfois suicidaire
Prenons l’exemple d’un fleuron français de la biotech, qui décide d’installer un centre de recherche à Boston pour profiter de l’écosystème local. L’équipe est brillante, les résultats prometteurs. Seulement, l’entreprise n’a jamais mis en place de processus de cloisonnement des informations sensibles entre la maison mère et ses filiales. Deux ans plus tard, un ancien chercheur part chez un concurrent américain... Qui lance une innovation calquée sur celle de l’équipe française. Trop tard pour réagir.
Autre cas : une PME industrielle participe à un salon en Allemagne. Sur son stand, maquettes, fiches techniques et prototypes s’exposent fièrement. Un contact asiatique se montre très intéressé. Il prend des photos, repart avec une plaquette, une carte de visite et un sourire. Six mois plus tard, des pièces quasi identiques circulent sur le marché, à moitié prix. Sans aucun recours possible : aucun brevet, aucune trace des échanges.
Loin de la paranoïa, le renseignement économique s’inscrit dans une approche pragmatique
À l’ère de la guerre économique, la fuite d’un fichier, d’un savoir-faire ou d’un contact stratégique peut suffire à déséquilibrer une entreprise. Le départ d’un collaborateur vers un concurrent direct, c’est potentiellement un portefeuille client, une stratégie d’appel d’offres ou des schémas d’innovation qui changent de camp. Il faut donc mettre des garde-fous en amont.
Autre exemple : une start-up française spécialisée en cybersécurité a vu son principal marché - un opérateur public stratégique - suspendre brutalement son contrat. Raison invoquée ? Des doutes sur la solidité de la chaîne de sous-traitance, révélés par un audit discret mené à la suite d’un incident en apparence mineur.
L’entreprise, trop concentrée sur sa croissance, n’avait jamais évalué ses propres failles ni anticipé les questions de souveraineté. Résultat : perte de crédibilité, licenciements, image écornée.
Il est temps de faire un ménage stratégique
Mon message est clair : protégez-vous et armez-vous intelligemment.
C’est le moment de faire le nettoyage de printemps dans la maison : vérifier ce qui est exposé, renforcer ce qui est fragile, et s’assurer que votre organisation est prête à encaisser les chocs.
Cela commence par des mesures simples :
Cartographier vos actifs informationnels.
Identifier les zones de vulnérabilité : collaborateurs clés, fournisseurs, lieux de stockage des données, déplacements à l’étranger.
Mettre en place une culture de la confidentialité : briefings, contrats, comportements.
Et surtout : anticiper au maximum les crises en créant plusieurs scénarios.
Car, les coups durs n’attendent pas que vous soyez prêts.