L’ANGLE D’ATTAQUE
Coopétition : quand les concurrents s’allient pour peser
La compétition économique est souvent décrite comme un combat frontal. Mais dans la réalité, les règles du jeu sont plus subtiles : il arrive que l’on gagne davantage en collaborant avec ses concurrents qu’en les affrontant systématiquement. C’est le principe de la coopétition, un mot hybride, né de la contraction entre “coopération” et “compétition”.
Pourquoi s’intéresser à la coopétition ?
Ce concept a été théorisé dans les années 1990 par Adam Brandenburger et Barry Nalebuff. La coopétition consiste à s’allier ponctuellement avec ses rivaux sur certains sujets, tout en restant concurrents ailleurs. L’idée n’est pas de supprimer la concurrence, mais de reconnaître que certaines batailles sont impossibles à mener seul : infrastructures, normes, lobbying, recherche, logistique…
Alors que l’influence normative et la taille critique conditionnent désormais l’accès à certains marchés, ce type d’alliance peut même devenir une arme stratégique. Selon les terrains, refuser la coopétition, c’est accepter de subir ou de ralentir. Lorsque les Américains imposent un standard technologique, c’est souvent parce que leurs entreprises ont appris à s’unir temporairement, pour défendre une position commune ou accélérer.
La concurrence reste, mais elle est structurée autrement. C’est là toute l’intelligence de la coopétition : comprendre qu’en économie comme en diplomatie, il vaut parfois mieux choisir ses alliés provisoires que subir la loi de ses adversaires.
À quoi concrètement la coopétition ?
Mutualiser les coûts et réduire les risques : une PME seule ne peut pas financer un laboratoire commun, une plate-forme technologique ou une infrastructure logistique ; à plusieurs, l’effort devient supportable.
Accéder à des ressources ou compétences complémentaires : chaque entreprise apporte une expertise, un réseau ou un canal de distribution. L’ensemble devient plus solide que la somme des parties.
Peser sur les normes : un acteur isolé n’a pas voix au chapitre dans les instances de normalisation. En s’unissant, les PME acquièrent un poids politique et réglementaire.
Innover plus vite : en croisant leurs regards et leurs moyens, des entreprises concurrentes peuvent accélérer des développements technologiques sans sacrifier leur indépendance commerciale.
Gagner en échelle : dans l’export par exemple, mieux vaut répondre collectivement à un appel d’offres international que se présenter dispersés.
La coopétition ne concerne pas seulement les géants mondiaux, loin de là. Elle est déjà une réalité dans les territoires et les filières, pour peu qu’on ose franchir le pas.

